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03/07/2023 : Page "Quelque part en France" - Village templier et hospitalier de  La Cavalerie (12)

07/05/2023 : Page "La culture dans le Groupement …" - Le photographe Isaac Kitrosser.

25/10/2023 : Page "Le camp de Judes - Le temps de la déportation" : Samuel Ringer, père de Catherine Ringer : survivant de l' holocauste.

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SEPTFONDS

Un village du Bas-Quercy en Tarn-et-Garonne, ancienne bastide du XIIIème siècle.

Des vies, des histoires, un patrimoine riche... 

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Tarn et Garonne

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Origine du Groupement de Travailleurs Etrangers 302.

L’histoire du Groupement de Travailleurs Etrangers 302 (GTE 302) du camp de Septfonds trouve son origine dans l’histoire générale des Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE) créées suite au décret du 12 avril 1939 par le gouvernement Daladier, sous la IIIème République. 


Ces Compagnies de Travailleurs Etrangers ont existé jusqu'à leur transformation en Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) par le régime de Vichy. 


C'est après l'armistice du 22 juin 1940 que la loi du 27 septembre 1940 relative aux "étrangers en surnombre dans l'économie nationale" transforma les CTE en GTE. Cette loi obligea tout étranger, masculin de 18 à 55 ans, résidant sur le sol français, à être enrôlé dans un groupement d'étrangers.


Les Groupements de Travailleurs Étrangers ont été dissous par le Gouvernement provisoire de la République Française le 5 septembre 1944.

Le photographe Isaac Kitrosser.

C'est un Groupement de Travailleurs Etrangers comme il y en a eu beaucoup en France. Mais peu ont eu la chance d'être photographiés de l'intérieur. Ce fut le cas à Septfonds comme en témoignent les photos laissées par le photographe Isaac Kitrosser. 


Coïncidence, quelques années plus tôt, ce même Isaac Kitrosser publiait un photo-reportage de 4 pages sur un épisode de la guerre d' Espagne dans la revue américaine LIFE pour laquelle il était correspondant. Venu tout droit des Etats-Unis, j'ai réussi à me procurer un exemplaire de cette revue LIFE du 25 avril 1938, recherchée depuis des mois. 


Isaac Kitrosser est né à Soroca en Moldavie (ancienne Bessarabie en Russie) en 1899. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il tente de fuir les nazis en se réfugiant à Puget-Théniers, une commune des Alpes-Maritimes proche de Nice et entre dans la résistance. Arrêté par la Gestapo, il est interné au camp de Septfonds dans le 302ème Groupement de Travailleurs Etrangers où il prendra des clichés sous prétexte de faire des photographies d'identité.


Il est décédé à Paris le 10 août 1984

Le Groupement "Palestinien" de Travailleurs Etrangers (GPTE) 302 de Septfonds.

La photo montre l’original de l’écriteau destiné à être « punaisé » sur la porte d’entrée du bureau du Commandant du camp. Dimensions en millimètres : 300 X 164. Le Capitaine Prévot, chef du Groupe 302 de Septfonds avait très probablement fait confectionner ce panneau-affiche par un des artistes peintres du GTE de Septfonds. Il présente aux quatre coins des petits trous et des petits cercles qui sont les traces de punaises qui permettaient de fixer cet écriteau sur la porte de son bureau. C’est la preuve ultime que le GTE 302 avait bien l’appellation  de « Groupe Palestinien ». 
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Les raisons de cette appellation et de la mesure elle-même restent floues. Certes, on trouve quelques rares “Palestiniens” dans ces unités, des Juifs de Palestine, arrivés en France pendant l’hiver 1939-1940 pour se battre comme volontaires contre l’Allemagne nazie, mais les cas sont tout de même isolés.


Il semble qu’initialement l’objectif de l’administration du régime de Vichy ait été de former des Groupement de Travailleurs Etrangers « homogènes » (d’où l’appellation également de GTE « homogènes ») selon le critère de la nationalité.  On essaie notamment de regrouper dans les mêmes unités les Allemands et germanophones. Puis on commence à séparer au sein de ces unités “allemandes” les Juifs des non-juifs.  Début 1941 commence alors une période de transferts innombrables d’internés d’un camp à l’autre pour former ces nouveaux groupes.


Ensuite, vers la fin du printemps, début de l’été 1941, Vichy crée des Groupements de Travailleurs entièrement composés de Juifs, qu’elle baptise « Groupes palestiniens ». On y retrouve principalement des juifs allemands et des pays de l’est (Pologne, Autriche, Tchèques, Russes…). Septfonds comptera même un Egyptien. 
Début 1942 existent dix groupes « palestiniens » ou « homogènes » à Aubagne (Bouche du Rhône), La Besseyre-Saint-Mary (Haute Loire), Saint-Laurent-Chabreuges (Haute-Loire), Manzat (Puy de Dome), Mauriac (Cantal), Ruffieux (Savoie), Septfonds (Tarn et Garonne), Soudeilles (Corrèze), Tombebouc (Lot et Garonne) et Vidauban (Var).


Au sujet de ces GTE « homogènes et palestiniens, la Commission des travailleurs étrangers du Comité de Nîmes, notera dans un rapport : 
« La création de ces groupes “palestiniens” parfois appelés “groupes juifs homogènes” nous donne les plus vives inquiétudes ; l’expérience nous ayant prouvé que les dits groupes “homogènes” sont très souvent, en fait, de petits camps de concentration infernaux dont on ne sort pas ».
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Sur le sujet, je recommande :
« Camps de travail sous Vichy » et « Les étrangers en surnombre ». P. Gaida.
« L’internement sous toutes ses formes : approche d’une vue d’ensemble du système d’internement dans la zone de Vichy ».  C. Eggers.

Martin Mendelsohn.

Martin Mendelsohn a été interné dans le 302ème GTE. 


Durant son internement, il a dessiné, notamment des portraits caricaturaux, inspiré par des personnes du GTE, personnel administratif, gardiens…). 


Pour l’ instant nous ne savons rien des conditions de son arrivée et de sa provenance. Pas plus sur son départ, puisque sa trace se perd. Il ne figure pas sur la liste des juifs déportés depuis Septfonds fin août et début septembre 1942. Evasion ? Libération ? Complicité interne ? Compte tenu de son implication dans le mouvement artistique du GTE, toutes les hypothèses peuvent être envisagées. Il ne figure pas non plus dans la base de données centrale des noms des victimes de la Shoah de Yad Vashem, ni dans les listes du Mémorial de la Shoah. 


Mais comment ne pas s’interroger à la vue de ce dessin au crayon. Il représente deux administratifs du camp en tenue militaire. Crayon sur l’oreille pour l’un, cravate pour l’autre, Mendelsohn veut  montrer leur rôle. Et surtout des attitudes (buste plié en avant), accompagnées d’un positionnement des mains évocateur, mis en évidence, qui attire tout de suite le regard. Mains serrées, mains jointes et doigts croisés. Mendelsohn a-t-il ressenti une forme de perversité dans le comportement de l’encadrement vis à vis des internés ? 


En tout cas un talent certain dans son dessin.


NB : Le nom de Mendelsohn s’orthographie beaucoup plus couramment avec deux « s ». Et il y a pléthore de Mendelssohn. Dans notre cas il s’agit bien de Mendelsohn avec un seul « s ». Sa signature en fait foi sur un document.

Johan W. Roempler, 1889 - 1967, peintre allemand.

Johan W. Roempler est né Francfort en Allemagne en 1889. Il a fui son pays, avec sa famille, après l’instauration des lois raciales de 1933. Il s’est installé à Paris en 1938, mais le déplacement de la famille l’a peut-être amené à séjourner au préalable en Belgique... pays qui a accueilli bon nombre de familles juives fuyant le nazisme, avant qu’il ne durcisse également sa position... 

 

En 1941, J.W.R. s’est retrouvé enfermé au sein du Groupement de Travailleurs Étrangers 302 de Septfonds. 

 

C’est un artiste peintre qui aura échappé à la déportation. Après la guerre, il reviendra à Paris jusqu' à sa mort en 1967. Il signera ses œuvres sous le pseudonyme de "Jever". Certaines sont estampillées « Atelier Jever ». 

 

Cette aquarelle a été réalisée en 1941. Elle montre, très bien représenté, le moulin qui se trouve sur le ruisseau Daudou et qui se trouvait juste en bordure du camp. Ce moulin est toujours visible sur la droite de la route lorsqu’on arrive de Septfonds, avant l’oratoire Polonais.
Deux ans plus tôt, en 1939, le ruisseau Daudou servait aux réfugiés espagnols pour se laver ou laver, tant bien que mal, le linge.
La présence de ce moulin sur l’aquarelle est importante car elle permet de situer le point précis à partir duquel J.W.R. à créé son œuvre, et de donner une orientation. 

 

Johan W. Roempler dit Jever, a connu une brillante carrière de peintre après guerre. Ses œuvres sont signées "Jever" et souvent estampillées avec le cachet de son atelier "Atelier Jever".
Il décède en 1967.

 

Début 1974, un certain Emile Seksik rachète l’atelier pour moitié, mais celui-ci décède brutalement en août 1974. L’atelier fermé, une grande partie des créations artistiques de J.W.R. a été vendue en 2013 lors d’une importante vente aux enchères chez Ader à Paris.

 

Enfermé dans le Groupement de Travailleurs Étrangers 302 de Septfonds, il a échappé à la déportation. Pourquoi ? Libéré ? Évadé ? 
... Il y a encore beaucoup de points à éclaircir et de recherches à faire pour tenter de reconstituer son parcours. 

Johan W. Roempler, 1889 - 1967, peintre allemand.

Les découvertes de ces dernières années sur le camp de Septfonds et notamment sur le Groupement de Travailleurs Etrangers 302 (GTE 302) mettent progressivement en lumière des artistes méconnus jusqu’à présent, mais dont le talent est incontestable. 


Des artistes déjà reconnus dans leurs pays avant le conflit 39-45 et, pour certains, avant l' application des lois raciales instaurées par les nazis. Et, pour ceux qui ont pu échapper à la Shoah, des carrières qui, par la suite, ont permis de voir leur talent respectif se révéler au grand jour.
J’évoquais le 16/11 le cas de J.W. Roempler. Il est très probablement à l' origine du dessin ci-joint, non daté, non légendé, mais estampillé de son "Atelier Jever", qui, d' une façon troublante, semble représenter le Pont Vieux de Montauban. Il date certainement des années 1941 - 1942.


J.W.R. a été enfermé dans le Groupement de Travailleurs Etrangers 302 de Septfonds, mais, avant ou après, a-t-il  eu l’occasion de se rendre à Montauban ? Certainement…


J’ai, comme a mon habitude, collé au sujet, à tel point que j’ai voulu récemment faire l’acquisition de ce tableau dont j’avais retrouvé la trace. Mais, malheureusement, il a été acheté lors d'une vente aux enchères en février 2013 chez Ader à Paris. Dommage ! Il faut savoir être où il faut, au bon moment. Et cette fois, ça n’a pas été le cas...


JML - novembre 2021

Johan W. Roempler, 1889 - 1967, peintre allemand.

Johan W. ROEMPLER dit JEVER, né en 1889, a connu une brillante carrière de peintre après guerre. Ses œuvres sont signées "Jever" et souvent estampillées avec le cachet de son atelier "Atelier Jever".


Il décède en 1967.


Début 1974, un certain Emile Seksik rachète l' atelier pour moitié, mais celui-ci décède brutalement en août 1974 (1).
Une grande partie des créations artistiques de J.W.R. a été vendue en 2013 lors d' une importante vente aux enchères à Paris.

 

Enfermé en 1941 dans le Groupement de Travailleurs Étrangers 302 de Septfonds, il a échappé à la déportation. Pourquoi ? Libéré ? Évadé ? ... Il y a encore beaucoup de points à éclaircir et de recherches à faire pour tenter de reconstituer son parcours. 


(1) Cf: Henri Ecochard : Les Membres des Forces françaises libres (18 juin 1940 - 31 juillet 1943).

Quelques photos/peintures de J.W.R. :
1 - Composition abstraite. Huile sur toile. Porte le cachet de la signature. 65 x 81 cm
2 - Nature morte à la chandelle. Huile sur toile. Porte le cachet de la signature. 38 x 46 cm
3 - Composition abstraite. Huile sur toile. Porte le cachet de la signature. 55 x 46 cm
4 - Composition à la tache blanche. Gouache. Porte le cachet de la signature. 30 x 38 cm


JML - 21/11/2019